Gaz, électricité, eau : des factures plus lourdes que jamais

La guerre en Ukraine, et dans une moindre mesure les aléas climatiques et des retards en Europe sur le développement des énergies renouvelables se traduisent par des factures qui flambent. Les ménages chauffés au gaz en sont les premières victimes. Le prix de l’électricité est aussi à la hausse, tout comme celui de l’eau. Et encore, l’État met la main au portefeuille pour amortir les effets de cette crise sans précédent. Une seule piste à terme : réduire drastiquement les dépenses en accélérant la rénovation des logements. 

 

Les causes : un contexte inédit 

Déclenchée en février 2022, la guerre en Ukraine provoquée par des attaques de l’armée russe a été immédiatement condamnée par la plupart des pays occidentaux. Dans les jours et semaines qui suivirent, avant même que ne soient envisagées des livraisons d’armes, les gouvernements ont souhaité sanctionner la Russie sur le plan économique. Des avoirs financiers russes détenus à l’étranger ont été bloqués, des entreprises occidentales ont rapatrié leurs salariés de Russie et bientôt, il a été acté de réduire in fine les importations de gaz russe.

 

Les conséquences sur le marché du gaz, régi par la loi de l’offre et la demande, ont été immédiates (ou presque, car les pays détiennent toujours des réserves). Non seulement l’offre se réduisait, mais les autres pays producteurs ont relevé leurs tarifs. Dans un tout autre secteur, avec l’arrêt cette fois de la production et donc des exportations de blé ukrainien, les prix du blé et des produits qui en dépendent (farine, pâtes…) ont connu une hausse similaire.

Après la crise sanitaire et ses conséquences multiples sur le plan économique, cette situation sans précédent dans les pays occidentaux est intervenue alors que les efforts liés à la rénovation énergétique pour un développement durable et la lutte contre le réchauffement climatique sont loin d’avoir produit tous leurs effets. Ainsi, les chiffres en vigueur démontent que la majorité des foyers belges seraient touchés. Les tarifs de l’électricité ont augmenté de 81,3% sur un an et ceux du gaz de 134,9%, selon des chiffres de Statbel, l’agence belge de statistiques.

 

L’électricité subit également par ricochet cette flambée des prix du gaz. Une grande partie de celle-ci provient en effet de centrales fonctionnant au gaz - ou aux autres énergies fossiles (pétrole, charbon) dont les prix ont globalement suivi ceux du gaz -, et dans le même temps, les centrales hydroélectriques ont été affectées par la sécheresse alors qu’en France, qui exporte une partie de sa production d’ordinaire, les centrales nucléaires ont subi des arrêts et pannes liés à des nécessités de maintenance. Les énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire n’ont pu, à elles seules, on le devine, combler ces déficits en termes d’offre.

Quant à l’eau du robinet, son prix n’est pas indexé sur celui du gaz ou de l’électricité mais il est toutefois impacté par ceux-ci (pour ce qui concerne l’acheminement notamment), sans compter un climat particulièrement sec en 2022 (cours d’eau anormalement bas, nappes phréatiques déficitaires).

 

Alors rien d’étonnant, hélas, à ce que les factures s’en ressentent. Qu’il s’agisse surtout du gaz mais aussi, donc de l’électricité et de l’eau… et ce, en dépit de mesures gouvernementales, elles aussi sans précédent pour amortir ces coups de massue pour la majorité de ménages… 

 

Le gaz 

En mars 2022, le prix du gaz naturel a explosé et a atteint 345 euros le MWh. Depuis le début de l’année, le gaz naturel européen a chuté de plus de 60% mais toujours à des niveaux élevés comparé aux années précédentes. En 2020, le gaz fluctuait autour des 15 euros le MWh, peuton lire dans le Moustique.

 

Toujours d’après l’hebdomadaire, les niveaux de stockage sont également bien supérieurs à la moyenne en Europe, font valoir les analystes d’Energi Danmark. “Les stocks sont proches des niveaux records pour cette période de l’année”, confirme M. Schieldrop, rappelant que la demande reste pour l’instant faible. L’Europe est ainsi en bonne voie pour reconstituer.

 

L’électricité 

Entre la France, les Pays-Bas, l’Allemagne, et l’Angleterre, c’est en Belgique qu’on paye le plus cher l’électricité. Et son prix baisse moins rapidement chez nous que chez nos voisins. Pourtant, ces deux derniers mois, c’était en Allemagne et aux Pays-Bas que les factures moyennes étaient les plus élevées.

 

D’après une étude du PTB, qui utilise les données de la CREG, la facture annuelle moyenne d’un ménage belge atteignait 1.914,73 euros en janvier, tandis qu’elle était de 1.735,32 euros au Royaume-Uni, 1.644,17 euros en Allemagne, 1.564,28 euros aux Pays-Bas et 744,57 euros en France.

 

En Allemagne et aux Pays-Bas, des mesures ont été prises pour faire face à la crise de l’énergie. En septembre, l’Allemagne avait annoncé un plan de 200 milliards d’euros. Depuis le 1er janvier 2023, les prix de l’électricité et du gaz ont été plafonnés pour environ 25.000 grandes entreprises, près de 2.000 hôpitaux et toutes les écoles.

 

À partir du 1er mars, les prix seront également gelés pour les ménages et les PME jusqu’en avril 2024. Le plafond prévu est fixé à 12 centimes d’euros par kilowattheure pour l’électricité et 9,5 centimes d’euros par kilowattheure pour le chauffage au gaz. La REG explique que le plafonnement des prix prend officiellement effet en mars 2023, mais rétroagit sur les prix de janvier. 

 

Les tarifs de l’électricité ont augmenté de 81,3% sur un an et ceux du gaz de 124,9%, selon des chiffres de Statbel, l’agence belge de statistiques.

 

L’eau 

L’eau n’a pas été épargné. Le prix de l’eau, qui n’avait pas varié depuis 2014 a finalement augmenté en 2023, et ce notamment en Wallonie. D’après un article Du Soir, la SWDE a augmenté en 2023 ses tarifs à 2,8 euros par mètre cube.

Cela étant, sans verser dans un pessimisme noir, ce qu’on appelle « l’or bleu » est certes impacté par la crise mondiale des énergies due à la guerre en Ukraine, mais aussi par le changement climatique. Et là, l’année 2022 a été synonyme de coup de semonce. Les cours d’eau sont bas, les nappes phréatiques sont surveillées à la loupe. Certaines communes belges ont dû faire face à des restrictions d’eau dans certaines communes, notamment pendant les sécheresses.

 

Toutes les masses d’eau souterraine sont en bon état. On constate cependant que pendant plusieurs années, une diminution des niveaux de certaines nappes a été observée localement. L’Administration de la gestion de l’eau se montre vigilante par rapport à cette situation et contrôle de plus en plus fréquemment les prélèvements, qui sont réalisés dans les différents aquifères pour prévenir toute dégradation » notait ainsi fin décembre l’Administration de la gestion de l’eau, l’organisme d’État en charge de la précieuse ressource...

 

Emilie Di Vicenzo

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Date de publication : 29/09/23